Extrait de TAI CHI CHUAN – LA GRANDE ULTIME ACTION

MEDITATION EN MOUVEMENT S.E.D.G.T
– 1974 éditions Maloine

D’après G.I.G. le Fiz-lez-Lou

Selon la Tradition, le Taï Chi Chuan a été créé par Chang San – Fong dont le nom se traduit ‘littéralement par Maître des Trois Pics.

Voici la description de son personnage :

Il mesurait 7 pieds (environ trois mètres). Sa haute carrure faisait penser à la grue (l’oiseau symbole de la longévité). Son visage était à la fois rectangulaire et rond, ses yeux et son regard étaient remplis de bonté.

Sa barbe se hérissait furieusement comme une hallebarde. Ses cheveux étaient tressés en un chignon qu’il fixait au sommet de sa tête.

Eté comme hiver, il portait une tunique tressée d’une seule pièce en fibres de bambou. Dans sa main il tenait un plumeau à poussière fait d’une crinière de cheval. Il pouvait parcourir mille « li » (environ 500 km) en une journée.

Il alla d’abord se réfugier dans un monastère de la montagne Seeu-Tchouan pour se fortifier par la méditation. Il alla ensuite sur les montagnes de Chan-si et Hou-pé.

Partout où il passait il étudiait et s’entretenait des livres sacrés avec les gens du pays, plaisantant et discutant sans cesse sans jamais se lasser.

Un jour, au cours d’une méditation qui avait duré des heures, il entendit un chant d’oiseau extraordinaire et, regardant par la fenêtre, il vit un oiseau perché sur un sapin qui fixait d’un regard perçant le sol où un serpent dressait sa tête vers le ciel; et leurs regards s’affrontaient.

L’oiseau se mit à chanter encore plus fort et descendit vers le serpent pour essayer de l’attaquer. Le serpent s’écarta légèrement pour éviter les ailes de l’oiseau ; et l’oiseau retourna à l’arbre pour se ressaisir quelques instants. II repartit et attaqua de nouveau. Le serpent se mit à danser joyeusement et se transforma en cercle!

Lorsque Chang San-Fong voulut les contempler encore une fois, tous les deux avaient disparu.

Alors Chang San-Fong comprit que ces ébats représentaient une image. Il y voyait la force et la faiblesse, la concentration et la dispersion de l’énergie, l’ombre et la lumière.

Et c’est ainsi, dit la légende, que Chang San-Fong inventa le Taï Chi Chuan.

L’Art de la boxe chinoise est depuis toujours divisé en deux écoles: l’Ecole de la boxe extérieure, et celle de la boxe intérieure.

Celle dont il est question ici est celle de l’Ecole des Trois Pics, et c’est là l’école de la boxe interne.

Cette Boxe suprême symbolise le Principe de circulation du Yin et du Yang, d’abord le Yin, puis le Yang, le substantiel puis le mouvement et la quiétude, l’ouverture et la fermeture, faisant une circulation continuelle. Cela persiste et continue sans arrêt. Telle la danse éternelle de la Prakriti autour du Purusha immobile.

Le Taï Chi Chuan est un exercice chinois très ancien. Il faut reconnaître ses deux aspects essentiels : la forme exacte des exercices proposés et la compréhension profonde de chaque mouvement qui conduit peu à peu l’exécutant à saisir le rapport existant entre son corps et son Etre Intérieur.

Avant toute chose, celui qui aborde le Taï Chi Chuan doit avoir beaucoup de persévérance car il entre dans un domaine entièrement nouveau et ce n’est que peu à peu qu’il « percevra » les subtilités de l’Art dont il s’approche.

Les mouvements traditionnels du Taï Chi Chuan sont au nombre de 81 à travers 258 figures comprenant plusieurs répétitions qui ont chacune leur importance particulière.

Ces 81 mouvements sont divisés en trois séries succédant à une préparation.

 La première série est en rapport avec la Terre.

– La seconde série est en rapport avec l’Homme.

– La troisième série est en rapport avec le Ciel.

Il est recommandé d’exécuter chaque jour l’ensemble des exercices de préférence le matin si l’on peut, et le soir avant le coucher. On consacre ainsi 20 à 30 minutes deux fois par jour à l’harmonisation complète du corps et de l’Etre intérieur.

L’habileté naturelle joue son rôle. La nature distribue inégalement les talents et une fois la répartition faite celle-ci est définitive, mais très souvent celui qui est le plus déshérité peut atteindre son but par un effort constant et par sa persévérance.

Confucius dit : «certains sont nés avec la connaissance, d’autres la découvrent par l’étude, d’autres encore après avoir douloureusement réalisé l’immensité de leur ignorance. Ainsi certains feront les mouvements avec une aisance naturelle, d’autres avec le profond désir d’une progression intérieure, d’autres enfin par des efforts volontaires. A la fin le but étant atteint, tout est unifié.

Un Enseignement Taoïste dit: «Pouvez-vous concevoir la substance immatérielle Chi de votre énergie et de votre vitalité au point d’éprouver en vous la souplesse naturelle de l’enfant? »

Une image taoïste parle de la sensation extrêmement fluide qui galope dans le corps avec la puissance d’un cavalier qui pousse à fond son cheval. De là vient l’art de vaincre l’inflexible par le flexible, la force par la souplesse.

Cette substance immatérielle Chi peut être déterminée par le mot « éther» ou « prana » en sanskrit. Dans le domaine du corps de l’Esprit elle est la matérialité de la vie elle-même.

La signification réelle du Taï Chi Chuan est dans la possibilité de sentir le corps devenir le réceptacle du Chi, ou Prana, de permettre que cette force remplisse le corps, qu’elle s’y installe, qu’elle y circule.

Les Anciens Maîtres parlent dans leurs Traités de l’Esprit qui « S’ouvre à l’influence du Chi », qui pénètre dans le corps jusque dans les os. La souplesse de l’enfant qui est l’état intérieur souhaité est finalement le résultat de cette interpénétration. On assistera à une déviation consciente du pouvoir pour que cette interpénétration se fasse dans la masse du corps. Ce Pouvoir comme celui du vent est immense.

Quelle sera l’attitude d’un débutant devant cet Art? Il doit en tout premier lieu être détendu, le corps complètement relaxé sans aucune tension. La tentative sera de relâcher consciemment chaque muscle, l’un après l’autre, chaque os. Un travail aura préalablement été fait pour découvrir les crispations et tensions habituelles. Ce n’est qu’alors à partir de là, qu’on peut aborder le Taï Chi Chuan. Le relâchement doit commencer par la poitrine pour que le Chi puisse descendre dans le ventre, très bas, au dessous du nombril. Le Chi, au début est confondu avec la respiration abdominale, ce qui permet de visualiser intérieurement le chemin de l’Energie. Peu à peu une accumulation de Chi donne une sensation d’intégration dans la masse, de circulation dans le corps. A ce point là le débutant découvrira qu’il peut diriger le mouvement du Chi, mouvement appelé techniquement «propulser» car un ordre donné est la cause du mouvement effectué.

Buste et membres au cours de l’exercice sont mis en mouvement plus par la force du Chi que par la force musculaire.

chang san feng fondateur