Les pages nommées “Principes essentiels” présentent un certain nombre d’extraits (suite à une traduction en français) des livres de Patrick Kelly, avec son autorisation.
Muscles et forces
Bien que les physiologistes se démènent pour comprendre cette sensation des muscles qui brûlent, il semble vrai que la douleur musculaire ressentie à l’entraînement, produite par un travail négatif, est qualitativement différente et quantitativement plus forte que celle produite quand les mêmes muscles travaillent positivement. Le travail négatif est effectué, par exemple, quand nous descendons un escalier ou quand nous nous descendons dans chaque posture de la Forme du Taiji. Cela entraîne l’allongement des muscles (contraction excentrique) sous la pression d’une force appliquée. Dans le cas du Taiji, cette force d’étirement peut être dans toute sorte de combinaison, de gravité, de dynamique, et d’inertie ou de la force de notre partenaire.
J’ai cherché à comprendre cette douleur – généralement éprouvée aux premiers stades de l’entraînement afin de déterminer si cette douleur était vraiment nécessaire, comme certains l’enseignent ou bien si elle n’était que le sous-produit inutile d’un enseignement et d’un apprentissage incorrects. Lorsque l’organisme effectue un travail négatif, les muscles sont étirés tout en produisant une force d’opposition à cet allongement. Les physiologistes l’appellent « contraction excentrique » mais comme cette appellation est source de confusion pour une situation complexe, je préfère «- étirement »- qui a une notion d’élasticité.
Ma recherche personnelle m’a amené à la conclusion que lorsqu’un muscle est en train d’être activement étiré, il y a 3 possibilités. Elles peuvent avoir lieu simultanément, soit dans des muscles différents, soit dans différents groupes de fibres du même muscle (chaque nerf moteur active un groupe de fibres musculaires). Première possibilité : les muscles essayent ou bien d’aller à l’encontre ou bien de se maintenir contre une force (telle que le poids ou la chute du corps), et non seulement ils n’y arrivent pas, mais en plus ils doivent s’allonger durant le processus. Seconde possibilité : les muscles, face à une force irrésistible, s’autorisent à s’allonger mais dans une proportion et avec une résistance contrôlées, et ils absorbent la force entrante d’une manière contrôlée. Troisième possibilité : si les muscles sont véritablement élastiques, ils s’allongent et stockent la force absorbée, prêts pour le raccourcissement d’un « désétirement ».
On peut appeler le premier type d’étirement actif « contraction excentrique », le deuxième « étirement d’absorption » et le troisième « étirement élastique », en n’oubliant pas qu’ils n’ont strictement aucun rapport avec l’étirement passif des systèmes tels que le yoga ou le qi gong, où un muscle détendu est allongé à sa longueur maximum du fait de la forte contraction du muscle antagoniste. Seul, le premier des trois où le corps tente de contracter et raccourcir le muscle alors que le muscle est effectivement contraint de s’allonger sous la pression, produit la sensation de brûlure excessive ; il se trouve que c’est également le moins utile pour négocier avec les forces du partenaire.
Aussi, dans la pratique de la Forme du Taiji, la douleur musculaire est due à la tendance instinctive du corps à résister à notre décision de tenter de nous laisser-fondre vers le bas. Ne pas comprendre ces trois méthodes physiologiquement différentes d’étirement actif – ou les confondre avec l’étirement passif du yoga ou des méthodes simplificatrices du qi gong – amène les personnes à se former ou enseigner de manière inefficace voire nocive. Sans laisser- fondre les personnes peuvent devenir plus détendues, mais ne développeront que peu de force interne. Néanmoins, une forte insistance à maintenir le corps vers le bas ou presser intentionnellement vers le bas peut provoquer une contraction plus forte du corps, tout en gaspillant l’énergie et ne produisant que peu d’effets satisfaisants de par l’utilisation incorrecte de la « contraction excentrique » et en augmentant la douleur qui en résulte.
Le déchirement des fibres musculaires – cause de la douleur – qui s’en suit du fait de l’échec de leur tentative de se raccourcir ou de se maintenir sous la pression de la douleur, va augmenter la masse musculaire et sa force de contraction mais ne va pas l’aider à s’étirer de manière élastique. C’est la raison pour laquelle Maître Huang avait rapidement arrêté la pratique du maintien des postures comme méthode d’entrainement. Il estimait de manière définitive qu’il était plus efficace de se mouvoir doucement, de manière fluide, en se soulevant et en se laissant fondre continuellement, à la recherche de la sublime et insaisissable « force élastique ».
Ultérieurement, lors de mes voyages d’enseignement à travers l’Europe et les USA, je n’ai trouvé personne travaillant avec lucidité sur ce principe d’élasticité. Développer le Yi, renforcer le Qi et développer la base : tout cela est nécessaire. Cependant, si vous n’êtes pas capable de vous servir de l’étirement élastique des muscles pour transmettre les forces à travers le corps, alors le Jin sera dur.
Chaines de muscles
Lorsque des mouvements complexes dans l’ensemble du corps sont effectués, les muscles, les ligaments et les tendons agissent dans les chaînes de connexion de deux ou plusieurs points à travers le corps. Le plus souvent, ces points sont dans le pied et la main. L’alignement précis des articulations permet à ces chaînes d’étirement musculaire d’agir plus librement et efficacement.
Avant de fermer ou de descendre pour comprimer le corps et étirer les chaînes de muscles redresseurs, il devrait y avoir une montée ou une ouverture. Également avant d’ouvrir il devrait y avoir une fermeture. Les deux sont liés dans un cycle de puissance en continu de vagues d’étirement et de dés-étirement qui passent à travers les chaînes de muscles fléchisseurs et extenseurs. Parce que l’énergie d’un muscle étiré est perdue si le muscle se verrouille et ne change plus, le relâchement de l’énergie doit naturellement et immédiatement suivre la fin de l’étirement. Lorsqu’on se baisse pour fermer le corps, l’allongement, l’étirement, des muscles érecteurs du bas du corps auront parfois atteint leur maximum de tension. Puis le bas du corps peut atteindre son maximum d’écoulement, après quoi une vague d’expansion va rebondir de la base commençant la « détente de la flèche ». Dans cette chaîne de muscles les plus gros, qui sont dans la cuisse, commencent en premier à se dés-étirer. Cela augmente la pression dans le pied arrière et la taille (en s’entraînant lentement et sans partenaire, la jambe avant peut être compressée dans le sol comme un ressort, par la force générée par la jambe arrière, pour fournir un entraînement de résistance.) La force de traction de la hanche avant se combine avec la force de la descente calme du haut du corps en pressant vers le bas la colonne vertébrale, pour étirer les ligaments à l’avant et à l’intérieur (région inguinale) de l’articulation de la hanche de la jambe arrière, alors la force élastique détendue passe du bas du corps à la partie supérieure du corps, suivi par le final étirement des muscles dans les bras. Ce dernier se fixe dans la partie supérieure du corps et permet à la vague de se déplacer à travers le corps, sans augmenter la hauteur totale du corps jusqu’à ce que le partenaire ait commencé à se soulever.
Les muscles fléchisseurs tombent plus sous l’influence des pensées et des sentiments superficiels. Ils sont généralement plus faciles à relâcher et de grands mouvements expansifs d’étirement des articulations peuvent aider, bien qu’ils impliquent la contraction des muscles extenseurs qui peuvent interférer avec la deuxième phase de détente. Les muscles extenseurs – notamment les muscles érecteurs qui soutiennent le corps contre la force de gravité – sont plus sous le contrôle de l’intelligence subconsciente du corps. Ils sont les derniers à se laisser aller. Les postures debout et les déplacements horizontaux ne les touchent pas et peuvent même les rendre plus serrés. Des successions de soulever et s’écouler – ouverture et fermeture dans le sens vertical – dans le système esprit-énergie-corps lors de la pratique de la forme du Taiji, traitera efficacement cette tension.
Petites modifications musculaires
Les petits muscles produisent des forces sans changer significativement la position externe du corps. Ils se produisent inconsciemment quand nous bougeons, étant au plus fort au moment où le corps s’arrête et inversant la direction du mouvement. C’est le yin et le yang des changements du corps. Les changements internes maximaux correspondant au point minimum de changements externes. Lorsque, par expérience personnelle, nous voyons l’avantage des changements des petits muscles sur le mouvement externe, nous faisons notre premier pas vers l’internalisation de notre Taiji. Il s’agit d’une étape précise sur le parcours du Taiji. Nous l’appelons le niveau de « la 4ème année ». Plus de la moitié des gens du Taiji ne l’atteignent jamais, poursuivant leur vie entière à pratiquer et même enseigner des mouvements extérieurs, incapable de voir au-delà des attributs de la vitesse et de la force.
Tout en pratiquant la forme, se concentrer sur les sensations d’étirement générées dans les muscles et la pression apparaissant dans les articulations quand le corps termine chaque mouvement et commence le suivant. Les changements de petits muscles sont plus visibles ici, non seulement parce qu’ils sont les plus grands, mais aussi parce qu’ils sont moins obscurcis par la manifestation des mouvements plus bruts En avant et en arrière, à gauche et à droite, ces moments peuvent être trouvés, mais c’est dans le sens vertical qu’ils sont les plus importants. Alors que les mouvements extérieurs de la Forme sont principalement horizontaux, ce sont les changements des petits muscles dans le sens vertical qui permettent le passage de la Force Détendue du Taiji à travers le corps, dans et hors du sol. Cette dimension verticale subtile ne peut exister tant que le centre de la pratique de la personne n’est pas sur l’évolution des changements dans les petits muscles. Après quelque temps les mouvements externes commenceront à être ressentis comment s’ils étaient générés par les forces verticales apparaissant en réponse aux petits changements dans le corps.
Le travail de ces mouvements internes peut se produire si vous essayez de vous tenir sur la jambe gauche et en balançant la jambe droite en avant et en arrière. La jambe droite se balançant a le mouvement extérieur, mais les muscles travaillent à peine. La jambe gauche immobile contient de forts changements musculaires continus et sera bientôt à son point d’épuisement. Les changements de petits muscles sont la cause et le mouvement est l’effet. Si, dans la Poussée des mains, nous pouvons être comme le reste de la jambe gauche et faire les changements internes des muscles, alors notre partenaire sera comme la jambe droite se balançant et recevra le mouvement externe. Facile à dire mais difficile à réaliser. Il faut d’abord bien le connaître dans la Forme, puis quand nous avons une chance, l’utiliser dans la Poussée des mains.
Changements musculaires
Des études récentes sur la fonction musculaire dans les mouvements quotidiens tels que la marche, ont confirmé ce que j’avais découvert de manière empirique par mon entraînement : les muscles actifs passent par les phases de contraction, décontraction, étirement et dés-étirement. Alors que la contraction et la décontraction sont bien comprises dans la plupart des arts axés sur le mouvement, le fait de fondre – s’écouler et de vider sont à peine pris en compte. L’activité musculaire qui correspond au concept élargi de “fondre – s’écouler” est l’étirement, tandis que celui correspondant à “vider” est le dés-étirement. Quand le corps avance et tombe au moment du « swing », le corps se freine lui-même contre le sol, les muscles extenseurs (généralement dans la jambe opposée) s’allongeant alors sous la pression dans un “étirement actif”.
Réalisant que l’étirement était intégré dans le cycle musculaire, je revisitai méticuleusement chaque mouvement de la forme du Taiji en l’analysant en termes de changement musculaire : contraction, détente, étirement, dés-étirement et phase neutre.
Ce qui devint également évident c’est que, à presque chaque mouvement, le corps produit cinq types de forces au fur et à mesure de sa progression dans ce cycle. Une ou deux fois, nous nous étions entraînés avec Maître Huang, aux 5 Éléments de la Grue Blanche, un exercice à 2 qui nécessite précisément ces cinq types de forces – métal, eau, bois, feu et terre – mais jusqu’alors j’avais peu compris ce que cela demandait. Ces cinq types de forces sont représentés symboliquement par les 5 éléments et extérieurement par Parer, Tirer, Presser, Pousser et Équilibrer au Centre.
Relâchement
Le premier sens profond de relâchement est “décontraction Active » – à savoir le processus de suppression de la contraction de la chaîne des muscles (contractée antérieurement) pour produire le mouvement souhaité. En effet, la contraction d’une chaîne de muscles donne une impulsion qui propulse le corps dans la direction voulue. Il s’ensuit une décontraction des muscles de la chaîne musculaire active, ce qui a pour effet que le corps, emporté par son propre élan et en plus par la force de gravité, continue son mouvement. Cela est typique d’une courbe qui monte et qui descend, telle la trajectoire d’une balle que l’on a lancée. Si l’on considère que la contraction active est la première phase d’un cycle du muscle, alors la décontraction active est la deuxième phase.
Cette décontraction (suppression de contraction) n’est pas instantanée. Elle n’est pas non plus simultanée pour les différents éléments de la chaîne musculaire produisant le mouvement. Le contrôle conscient et subtil de la séquence, du tempo et de la vitesse de la décontraction de tous les muscles actifs n’est pas facile à atteindre, mais il représente clairement la première véritable étape de l’entraînement à la détente. C’est précisément le résultat que produira la pratique correcte des 5 Exercices de Relâchement, par la contraction et la décontraction rythmique d’une simple série de muscles depuis les pieds jusqu’au sommet de la tête et jusqu’aux bouts des doigts, créant la base idéale pour de futurs progrès dans la sphère intérieure du Taiji.
Les 3 étapes du relâchement
C’est seulement à ce stade de ma pratique que la subdivision du relâchement en trois étapes de Maître Huang devint une réalité concrète. Ce que j’avais trouvé grâce à une pratique intense et un enseignement adapté, c’était la deuxième phase de relâchement (i.e. s’écouler). Maître Huang appelait cela le « niveau de la 4ème année » car son expérience montrait qu’il fallait au moins 4 ans de pratique régulière pour atteindre le début de l’écoulement. Puis la pratique à ce niveau pendant de nombreuses années, allait peu à peu amener d’importants changements internes.
Il y a trois étapes nettement distinctes pour faire se dissoudre notre dureté et notre rigidité – se détendre, s’écouler et se vider. La détente externe (song) vient en premier et, une pratique continue l’a fait aller plus en profondeur aussi longtemps que nous laissons le processus se dérouler. Décider que nous sommes assez souples est le plus simple moyen d’arrêter l’ensemble du processus et de rester avec un certain noyau dur, même s’il est difficile de s’en rendre compte. S’écouler (chen) – qui constitue une partie importante des méthodes dans la pratique du Taiji avancé – est le début du relâchement réel ou interne. Le processus de l’esprit qui abandonne progressivement son contrôle en laissant tomber sa propre intention, est activement lié à l’ensemble du corps et produit un effet spécial sur les muscles comme la fonte du beurre dans un four à micro-ondes – de l’intérieur vers l’extérieur. Pour que ce processus de fonte s’opère complètement dans le corps, cela prend environ de 1 seconde pour une personne très expérimentée (c’est à dire 20 bonnes années de pratique au moins) à environ 10 secondes pour les débutants (c.-à-d. les personnes dans les 7 premières années de pratique). Alors que s’écouler est un processus auquel on peut s’entraîner, trouver personnellement un sens pour « vider » est beaucoup plus difficile. Sachant que dans le « Tao Te King » de Lao Tseu, la vacuité ou le vide qui est vide n’est pas la vacuité réelle, j’évitai l’explication superficielle d’une absence d’intervention de la pensée, entre perception et action, ou toute définition de ce genre qui réduisait le vide à une fonction de l’esprit superficiel, que ce soit par sa passivité, son absence ou autre. À ce stade de mon entraînement, le seul concept de vide (Kung) que je pouvais honnêtement essayer de travailler, était que le vide apparaît quand l’écoulement approche de sa limite.
S’écouler / fondre
Un jour, pendant la Forme du Taiji, au moment où je me déplaçais (je m’avançais) pour le « An » (Pousser) dans “Prendre la Queue de l’Oiseau”, le Chef Instructeur me conseilla : “Laissez descendre le corps et laissez les bras s’éloigner comme si ce n’était plus les vôtres”. J’ai réalisé soudain que je pensais trop à aller vers l’avant ; de ce fait, quand j’avançais, mon Yi poussait dehors, au lieu de se rassembler et de s’approfondir.
Jusqu’alors, je m’étais concentré sur le fait d’installer l’esprit plus profondément et d’accroître les sensations dans le corps, mais cela avait été une tentative pour me tenir en permanence dans ce que je sentais être un état concentré, tout en me coulant dans la Forme du Taiji du début à la fin. Mais maintenant, travaillant avec ses paroles pleines de sagesse, je constatai que, lorsque je faisais un effort spécial de « lâcher» en avançant vers la position centrale pour chaque mouvement, le processus d’approfondissement de la concentration et d’augmentation de la prise de conscience du corps s’intensifiait jusqu’à l’émergence d’un nouvel état dans lequel tout désir de se déplacer semblait avoir disparu.
Étirement des muscles
L’énergie peut être stockée dans les muscles tendus, les tendons et les ligaments, comme l’énergie stockée dans la courbure d’un arc. La puissance maximale qu’un muscle peut produire en se contractant est plus ou moins constante, de sorte que plus rapide est la contraction, plus faible est la force générée. Quand un muscle est étiré par une force extérieure, la puissance disponible n’est pas limitée par l’alimentation interne énergétique du muscle, mais dépend de la puissance de la force entrante. Une plus grande force appliquée augmente la vitesse à laquelle les muscles s’étirent tout en produisant automatiquement une plus grande force en réponse. Les contractions musculaires sont plus fortes lors des mouvements lents, alors qu’elles sont plus faibles lors de mouvements rapides. Les mouvements fondés sur l’étirement musculaire augmentent leur force quand on les laisse se produire à vitesse naturelle.
La contraction des muscles résulte toujours d’une force développée dans la même direction que le mouvement qui est produit. Les étirements musculaires produisent de la force dans la direction opposée au mouvement. Ceux-ci tirent la force du partenaire tout en la transformant et en lui renvoyant simultanément. Lorsque la force du partenaire a été neutralisée, le partenaire se met automatiquement hors tension, comme la flèche de l’arc sans aucun autre effort ou intention.
Deux forces – ressorts différentes peuvent résulter de l’étirement des muscles. Le premier type se développe quand le corps est étiré, élongation et ouverture, extension des articulations et étirements des chaînes de muscles fléchisseurs. Cela produit une force de fermeture dans l’ensemble du corps dont la direction est opposée à la direction du mouvement produisant l’étirement, tout comme un ressort fixé au sol et étiré en exerçant toute sa force vers le sol. Plus grand est l’étirement plus la puissance se développe vers le bas. L’étirement est dû au poids, à l’inertie et à la dynamique de stabilité ou de descente du bas du corps, en tirant contre l’expansion du partenaire vers l’avant et le haut. Le résultat est «la baisse de force élastique détendue »- Jing à la baisse – utilisé pour envoyer le partenaire vers le sol.
Le deuxième type de force est produit lorsque le corps est compressé de sorte qu’il compacte et ferme la courbure des articulations et les étirements des chaînes de muscles extenseurs et érecteurs. On obtient ainsi une force d’expansion dans l’ensemble du corps dont la direction est opposée à la direction du mouvement produisant l’étirement, comme un ressort fixé au sol et enfoncé exerce toute sa force en direction de la force de pression. Plus il est enfoncé plus la puissance se développe vers le haut. La compression apparente à l’intérieur du corps est le résultat de la connexion du bas du corps à travers la plante du pied sur le sol combiné avec le poids et l’élan de la chute du haut du corps, entrainant la force du partenaire du bas vers cette racine. Le résultat est «la hausse de la force élastique détendue» et est utilisé pour «déraciner» le partenaire.
Puissance douce
La puissance est générée à partir de la force de l’intention de l’esprit- combinée avec la force du champ d’énergie et la capacité de coordonner le corps pour transmettre les forces générées. Puis le corps est obligé de se mouvoir par ces forces. Chacune des composantes – intention de l’esprit, champ d’énergie, étirement et compression, le résultat de la réponse du corps fluide – peuvent être individuellement renforcée et affinée.
L’intention de l’esprit est renforcée par la fermeture de l’activité superficielle de l’esprit comme au moment d’aller dormir, en tenant une direction concentrée profondément ce qui tire toutes les autres parties du système esprit-énergie-corps en l’alignement avec elle. La partie la plus profonde de l’esprit, à partir de laquelle sont émises les intentions concentrées, tireront les parties conscientes et inconscientes.
Le champ d’énergie peut être revigoré en concentrant notre prise de conscience dans et autour du corps, à environ un mètre dans toutes les directions – ce qui est la limite pratique des gens normaux pour la projection d’une forte présence. La réduction du stress, physique, émotionnel et mental, prévient la perte énergétique excessive du champ d’énergie et permet que se construise une densification naturelle au fil du temps.
Entraîner le corps à rester stable, fluide, aligné alors que muscles, tendons et ligaments sont étirés pendant que les os et les tissus sont comprimés, améliore la capacité de transmettre le fluide généré par les forces.
Pratiquer très lentement conduit à une vitesse extrême. Pratiquer d’une façon extrêmement détendue conduit à une extrême puissance. Pratiquer d’une manière extrêmement consciente conduit à un naturel extrême. Analyser les composantes de tout mouvement devient possible avec lenteur. L’ajustement des parties, puis une synthèse crée un processus nouveau et plus efficace. Le relâchement peut être construit en vitesse lente et transférer en vitesse rapide.
Comment la détente peut conduire à plus grande force ? D’abord parce qu’un muscle a une plus grande puissance disponible quand il s’étire que lorsqu’il se contracte. Ensuite, parce que la rigidité bloque la propagation des vagues de puissance. Troisièmement parce que la contraction tient la force à l’intérieur plutôt que de la relâcher vers le partenaire. Les tensions bloquent le flux de l’esprit, de l’énergie et des forces à travers le corps. Elles produisent un faux sentiment de puissance qui est enfermé dans le corps, mais non libre de passer hors du corps. La personne se sent puissante, mais ce n’est qu’un signe d’un blocage de la circulation des forces et des énergies.
Nerfs
Bien qu’apparemment instantanée, la gamme de vélocité pour l’influx nerveux est comprise entre 0,5 m / sec pour des sensations brutes de toucher et de 100 m / sec et plus pour des sensations de chaleur à l’intérieur des muscles et des tendons. Une impulsion lente, demande jusqu’à 2 sec pour voyager sur la longueur du corps. Des pratiquants de Taiji qui ont développé la vague d’énergie qui transite du sol, en ont fait l’expérience pour eux-mêmes.
La plus automatique des fonctions dans le corps est la réaction réflexe de la rotule. Quand on tape sous le genou, le tendon du grand muscle dans la cuisse est étiré qui étire à son tour le muscle. Ceci envoie une impulsion sensorielle à la colonne vertébrale reliée directement avec un nerf moteur qui envoie un message au muscle pour une réponse (se serrer ou se raccourcir). C’est l’une des rares situations où aucun traitement de l’impulsion sensorielle reçue n’a lieu avant qu’une réponse soit renvoyée. Chaque muscle détient cette réponse de mécanisme automatique et c’est la cause fondamentale de l’irrépressible tendance à résister à presque toute force qui vient dans le corps.
Si vous essayez de ne rien faire en réponse à une force, cette réaction automatique offre immédiatement une résistance avant de pouvoir consciemment l’arrêter. Le seul espoir est d’avoir initié le processus de détente avant que trop de force soit reçue afin de régler le réflexe de mouvement, ainsi mettre le système esprit-énergie-corps dans un profond état de détente atténue cette réaction.
Pour notre partenaire, cette réaction est celle que nous recherchons quand nous avançons, afin que la contraction automatique des muscles s’oppose à notre écoulement du corps et crée une pression directement vers le sol. Puis il s’éjecte lui-même avec une contraction finale de sa chaîne de muscles incontrôlables.
Les voies nerveuses sensorielles connectent également la plupart des parties du corps au cervelet à environ 100 m / sec, elles sont les plus rapides dans le corps. Ainsi, le cervelet sait dès le début ce qui se passe à travers le corps. Les mouvements intentionnels initiés dans le cortex moteur sont surveillés et le corps vérifie l’exactitude de la performance par le cervelet, en modifiant les signaux émis par le cervelet pour compenser la sur – ou la sous stimulation des fibres musculaires – tout cela se fait relativement automatiquement. Le cervelet calcule la position prévue, la vitesse des parties du corps et initie des actions appropriées pour tenir compte du signal et retarder la réponse.
Comprendre l’essentiel de ce mécanisme de contrôle subtil du corps aide à développer la capacité de Taiji en créant un vide à l’extrémité anticipé du mouvement du partenaire, de sorte que quand il y arrive, les conditions ont changé à son désavantage et à notre avantage.
Colonne vertébrale
La colonne vertébrale est plus forte quand elle est droite et recevant purement les forces de compression ou d’étirement. Les disques intervertébraux peuvent supporter un poids de plusieurs tonnes lorsque les faces des os environnants sont parallèles ou presque parallèles les uns aux autres. Lorsque la colonne vertébrale se plie, la pression augmente sur un côté de chaque disque avec un effet de pincement, et le poids supportable diminue de façon marquée. Des courbes douces et régulières, réparties sur toute la colonne vertébrale affaibliront le moins possible chacun des disques. Les gens blessent leur colonne quand ils se penchent et se tordent fortement avec des efforts soudains et en force. Personne ne se blesse avec douceur, avec des mouvements réguliers d’une colonne vertébrale bien droite ou légèrement incurvée.
Lorsque la colonne vertébrale se courbe, les zones bien musclées plient moins, tandis que les zones plus faibles sont contraintes de se plier plus. Cela produit des points faibles comme un maillon faible dans une chaîne et réduit considérablement les forces qui peuvent passer de haut en bas de la colonne vertébrale sans blessure. Si le grand groupe de muscles autour de l’articulation de la hanche est tendu alors le bassin sera bousculé par le mouvement de la jambe alors les muscles autour de la partie inférieure de la colonne vertébrale seront forcés de s’adapter, en créant et en exagérant une courbe dans le bas du dos lorsque les jambes sont redressées en position debout. Cet alignement faible est comme ce que les experts médicaux appellent « cette courbe inférieure naturelle », bien qu’elle n’existe pas chez les nouveaux nés, n’apparaissant que lorsque les enfants commencent à se tenir debout. Toute personne qui consacre du temps et des efforts pour détendre les muscles dans et autour de l’articulation de la hanche trouve que cette courbe disparaît lentement, et la colonne vertébrale bien droite est alors en mesure de supporter de plus de grandes pressions.
Une des causes de la perte de flexibilité de la colonne vertébrale est que les vertèbres qui sont attachées aux côtes perdent leur gamme de mouvement parce que des muscles sont verrouillés dans la poitrine Comme ces muscles se tendent et se raccourcissent avec l’âge et l’utilisation incorrecte, ils tirent la section thoracique de la colonne vertébrale en une courbe inflexible et forcent des vertèbres juste au-dessus et au-dessous de cette section – à savoir le cou et le bas du dos – pour faire tout le travail lors de la flexion en avant et en arrière.
Réaligner en pliant les genoux, en descendant et en ajustant le bassin pour allonger la colonne vertébrale. Ouvrir la poitrine pour permettre à la tête de flotter dans le but de redresser le cou, comme cela se fait dans le forme de Taiji en solo. Après une période de plusieurs années, il sera possible de retrouver la souplesse naturelle de la colonne vertébrale, pour atteindre un état de droiture centrale avec la liberté d’assumer des vagues de courbures douces sous la pression.
Plier comme un bambou
Quand il n’y a pas de forces extérieures à venir dans le corps, il peut assumer une position verticale centrale. Ensuite, il est libre de se déplacer dans toutes les directions et le haut du corps relâché est accroché à la colonne vertébrale comprimée.
Dans notre corps, sous les forces d’inertie lors du déplacement, ou lors de la réception d’une force de l’extérieur, la colonne vertébrale sera naturellement pliée dans une courbe douce, comme le bambou se courbe dans le vent. Les muscles de soutien à l’extérieur de la courbe sont étirés et stockent la force de flexion de la colonne vertébrale tout en transmettant une vague de compression vers le sol. Avant l’étirement des muscles et la compression des os, la colonne vertébrale doit se redresser et se relier à travers la plante du pied dans le sol. En outre, comme le bambou, lorsque la colonne vertébrale se plie, la partie la plus basse doit se plier seulement un peu avec un degré de courbure croissant de la colonne vertébrale. La partie la plus basse de la colonne vertébrale est insérée dans le bassin, et peut être autorisé à tourner uniquement avec une tendance imperceptible dans le sens de la courbure. Immédiatement au-dessus, dans le bas du dos, les vertèbres lombaires devraient se replacer légèrement à la verticale. Ensuite, les vertèbres thoraciques peuvent être autorisés à s’étirer presque jusqu’à leur limite.
Bien que niée par certains, il arrive que la force entrante depuis les pieds pour déplacer le corps détendu en avant ou en arrière produise une vague de mouvement dans le sens horizontal. La base du corps bouge en premier et le corps semble se balancer vers l’arrière ou vers l’avant. Cela peut être imperceptible à l’œil pour les mouvements lents, mais bien clair lors des changements rapides du corps. L’effet est de transmettre l’impulsion réfléchie par le sol dans une vague de muscles détendus, à travers et vers le haut du corps.
L’idée centrale du maintien de la verticale, tout en permettant à l’extérieur de changer en réponse à une pression, est comme le bambou qui plie mais toujours avec une tendance à revenir à sa position initiale droite. Plus il se penche, plus forte est la pression interne pour revenir droit et vertical. C’est la qualité de la force interne – elle est toujours présente, mais se manifeste seulement en réponse à des forces extérieures. L’intention des muscles est de préserver ou de retrouver l’alignement initial suite à la flexion. Cette intention stable peut même être utilisée pour augmenter l’étirement en l’étendant vers la force d’origine quand la flexion a lieu – l’esprit va vers l’objectif quand l’arc se plie – produisant un étirement dans le champ d’énergie élastique.