Taïji – Les Principes Taoïstes en Pratique par Patrick A. Kelly.

En mémoire de Maître Huang Xingxian, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, en réponse à l’obligation de toute une vie que je ressens envers mon professeur de transmettre son enseignement, je voudrais écrire quelques lignes sur ce qu’il m’a expliqué et enseigné personnellement il y a quelques dizaines d’années. Maître Huang était à la fois un pratiquant des Arts Martiaux et un Taoïste. Il a d’abord été un pratiquant d’arts Martiaux puis a été progressivement introduit au Taoïsme par son professeur principal de Fujian Baihe (Grue Blanche du Fujian), Grand Maître Xie Zhongxian, puis plus tard, emmené plus loin par Grand Maître Zheng Manqing. A l’époque où j’ai connu Maître Huang, intérieurement, il était d’abord un Taoïste et ensuite un pratiquant d’arts Martiaux. Une fois, alors que nous étions assis dehors pour dîner, tard le soir à Kuala Lumpur, il regarda les étoiles et embrassant d’un geste l’immensité du ciel de nuit, il se tourna vers moi et dit, « Ceci est le grand Taiji, en nous est le petit Taiji », puis après un moment de pause il ajouta doucement, « Maintenant j’enseigne le Taiji, pas le Taijiquan. » Je n’ai jamais oublié la profondeur et la sincérité de l’expression derrière ses mots. Depuis ce temps-là, le sous-titre de ma pratique et de mon enseignement des méthodes de Maître Huang est Taiji Principes Taoïstes en Pratique. La meilleure façon d’honorer la mémoire de Maître Huang est de pratiquer et d’enseigner aussi précisément que possible l’expression subtile de l’art profond du Taiji qu’il a léguée au monde. C’est dans ce but que je livre cet article.

QI

De tous les aspects du Taiji, peut-être que le plus connu, le plus débattu mais le moins bien compris en profondeur, est celui du Qi (Chi) ou énergie. Seulement maintenant, à 60 ans et approchant mon 40ième anniversaire de pratique du Taiji dans le système de Maître Huang, me sens-je plus ou moins qualifié pour m’attaquer à cet obscur sujet. Beaucoup visent à expliquer l’aspect physique du Taiji de Maître Huang, illustrant leurs tentatives comme le faisait Maître Huang lui-même avec beaucoup d’adresse dans la Poussée des Mains Libre. Je leur en laisse le soin, puisque suivant un autre aspect de mon professeur, j’enseigne également le Taiji, pas le Taijiquan.

Commencer avec une définition littérale de dictionnaire du caractère Qi peut ne pas s’avérer très utile puisque le chinois moderne a beaucoup dévié des sens classiques et ceux-ci – à leur tour varient suivant la discipline en question, ainsi le médical peut être différent du martial et différent encore des interprétations taoïstes. Puisque l’idée médicale moderne du Qi a été réduite à guère plus que quelques symptômes physiologiques dans une tentative de paraître scientifique, je ne discuterai que le concept martial et taoïste du Qi. Tandis que le véritable entraînement interne du Taiji concerne le Qi, il est nécessaire de comprendre qu’il y a différentes qualités de Qi, les Humains sont un mélange de ces qualités et il est possible de raffiner le Qi brut en nous-mêmes et de le transmuter en quelque chose de beaucoup plus élevé.

Au plan cosmologique, le Dao (Tao) dans sa forme la plus subtile, descend des Cieux (peut-être vaut-il mieux dire du niveau céleste pour éviter toute connotation religieuse). Les Humains sont basés sur Terre et le Taiji est une méthode pour élever l’humain du niveau terrestre au niveau céleste pour fusionner avec le Dao. Le moyen en est le Qi. Pour ces pratiques, il ne suffit pas de savoir la théorie, il faut en connaître la méthode précise. Maître Huang Xingxian et Grand Maître Zheng Manqing – et il y a des raisons de croire que c’était aussi le cas de Très Grand Maître Yang Zhengfu ainsi que son père et grand-père – étaient membres d’une école taoïste ‘La Société Sacrée’, basée à l’origine en Chine mais qui a maintenant ses quartiers généraux à Taiwan avec une large branche toujours en activité à Singapour, où ces formes de méditations étaient enseignées. Grand Maître Zheng Manqing a expliqué que les 3 niveaux d’énergie, la Terre, l’Homme et le Ciel, étaient eux-mêmes plus avant divisés en 3, donnant 9 étapes à travers lesquelles nous passons lorsque nous raffinons notre énergie interne dans les 3 mondes. A cette époque, il déclara avoir atteint le 7ème niveau, mais il apparaît avoir atteint le 9ème avant sa mort. Master Huang aussi parlait parfois de ces 9 niveaux de raffinement interne et d’après mes observations, lui aussi atteint le 9ème – et au-delà- avant sa mort. La tradition veut que l’on ne parle pas ouvertement de l’entraînement interne, mais si cela continue ainsi alors les pratiquants animés d’un intérêt véritable gâcheront de nombreuses années sur des formes externes sans accès aux méthodes et explications nécessaires à raffiner leur énergie interne. Je décris donc ici quelques éléments de ces méthodes dans l’espoir que cela puisse aider ceux qui désirent suivre l’aspect le plus subtil de l’enseignement de Maître Huang.

Jing – Qi – Shen

Théoriquement et pratiquement, le Qi – considéré à la lumière des niveaux de la Terre, de l’Homme et du Ciel – peut être divisé en Jing (Essence), Qi (Energie) et Shen (Esprit-esprit). Jing est l’énergie basique du corps (Terre) et se concentre dans le Bas Dantien qui enveloppe la région pelvienne et s’étend du périnée (Huiyin) jusqu’au nombril. Le Qi est l’énergie centrale d’une personne (l’Humain) et se situe dans le Moyen Dantien qui enveloppe la région thoracique et s’étend du plexus solaire jusqu’à la base du cou. Le Shen est l’énergie la plus pure (Céleste) centrée profondément dans notre esprit au niveau du Haut Dantien qui enveloppe la tête. Chacun des 3 Dantiens a 3 niveaux, par exemple les 3 niveaux du Bas Dantien sont le Huiyin (périnée), le point au centre de l’abdomen et le point juste en dessous du nombril. Notez que ces 3 Dantiens ne sont pas vraiment dans le corps mais sont des concentrations d’énergie à l’intérieur du grand champ d’énergie (Grand Dantien ou Sphère Personnelle d’Energie) qui s’étend à une longueur de bras dans toutes les directions enveloppant le corps et à l’intérieur duquel le corps existe.

En relation avec la pratique du Taiji, Maître Huang affirmait que pratiquer la Forme était amassé du Qi tandis que la Poussée des Mains était apprendre comment utiliser cette énergie en combinaison avec les forces qui se développent entre notre partenaire et nous-mêmes. Il expliquait que se concentrer sur la vie extérieure à travers les sens externes disperse l’énergie dans le monde autour de nous, tandis qu’à l’opposé, se concentrer à travers les sens internes à l’intérieur du corps (Tingjin) conserve et accumule cette énergie qui sinon serait perdue. De même, il prévenait que si la pratique de la Forme du Taiji accumulait de l’énergie, la pratique de la Poussée des Mains pouvait en entraîner la dissipation. La cause en est qu’en pratiquant la Poussée des Mains, les gens généralement retournent à un niveau externe de concentration et alors l’énergie est perdue comme elle l’est dans la vie normale. C’est particulièrement vrai de la Poussée Libre des Mains dont Maître Huang décourageait la pratique dans sa classe. Au lieu de cela, il rassembla 18 modèles fixes de Poussée des Mains grâce auxquels les élèves pouvaient s’exercer aux Poussées tout en se concentrant profondément comme dans la pratique de la Forme. C’est seulement à un stade ultérieur, tel que Maître Huang au cours de ses dernières années, que la pratique de la Poussée Libre peut aussi servir à accumuler de l’énergie.

Cette réserve d’énergie, générée en pratiquant la Forme en profondeur et plus tard peut-être aussi générée par la Poussée des Mains, peut être attirée à un niveau supérieur en nous-mêmes par certaines pratiques, souvent tenues secrètes mais plus correctement la propriété de tous. Les véritables pratiques les plus élevées ont leurs propres protections naturelles dues à l’incapacité des gens non raffinés à percevoir et comprendre leur subtilité. Maître Huang enseignait qu’initialement, en pratiquant le Taiji, la circulation du Qi dans le corps devait être légère et naturelle. Maintenir cette conscience du corps légère et détendue permet aux Energies de circuler librement tout en s’accumulant quand nécessaire dans leurs centrales d’énergie naturelles. A ce stade premier, une douce chaleur peut être occasionnellement ressentie autour du corps.

Yi

Cependant, en privé, quand les étudiants avaient atteint un stade plus avancé, il recommandait de descendre l’esprit à un niveau plus profond et d’utiliser le Yi (intention mentale ou volonté) pour conduire les énergies à travers le corps, stimulant ainsi un flux accru de Qi, renforçant le champ d’énergie et entraînant le corps à accroître sa capacité à gérer l’augmentation d’énergie. Une forte chaleur est habituellement ressentie dans le corps à ce stade alors que le flux accru de Qi brûle les obstructions grossières dans les canaux énergétiques corporels. Cette chaleur intense apparaît parfois dans des endroits du corps au hasard et peut être accompagnée par des zones très froides. En réponse à mes questions détaillées sur le sujet, Maître Huang suggéra qu’il n’était peut-être pas correct de simplement se concentrer sur le Bas Dantien en pratiquant la Forme, comme on l’écrit souvent. Il expliqua qu’il valait mieux répandre sa conscience à travers et autour du corps tout en relâchant simultanément la prise de l’esprit sur le corps.

Une longue pratique à ce niveau, accompagnée d’un effort vers le vide et vers un niveau de l’esprit toujours plus profond, permet aux flux maintenant stimulés de devenir naturels et de circuler librement, sans entraves du corps physique grossier. Il existe une intelligence raffinée naturelle connectée avec les niveaux plus profonds du corps et de la circulation de l’énergie à travers les méridiens. Cette intelligence gère maintenant le flux accru d’énergie sans plus aucune interférence délibérée. A ce stade, la chaleur se stabilise en un doux halo ressenti à la fois à l’intérieur et autour du corps – une fois décrite par Maître Huang comme « la sensation que quelqu’un marche à vos côtés en tenant un grand bol d’eau bouillante. »

Quand dans la pratique de la forme, Maître Huang sentait que les circulations d’énergie avaient atteint un niveau satisfaisant – typiquement il suggérait après 7 années de pratique – alors il pouvait enseigner la pratique de ‘l’assise tranquille’, qui n’était jamais sensée remplacer la Forme mais plutôt l’enrichir. Il enseignait 2 méditations basiques – une pour se concentrer sur le Bas Dantien dans la région pelvienne et l’autre pour se concentrer sur le Haut Dantien au niveau de la tête. Elles ont deux buts différents mais connectés. Celle sur le Bas Dantien était pour se connecter avec les aspects du Qi les moins élevés, c’est- à -dire le Jing et celle sur le Haut Dantien avec les aspects supérieurs du Qi, le Shen. A un stade ultérieur, ces deux énergies se fondent dans le Moyen Dantien où le Jing est graduellement transformé et accumulé en Qi. Plus tard encore, le Qi est élevé dans le Haut Dantien quand l’achèvement des 3 stades ultimes des 9 niveaux peut être accompli. Maître Huang pensait que c’était une perte de temps que de commencer ces exercices internes avant que l’élève ne soit prêt. Si le mental n’était pas suffisamment consolidé, alors les pensées superficielles tournaient sans fin dans l’esprit des élèves qui luttaient alors pour observer ou arrêter ces pensées et pouvaient au mieux obtenir par moments un état vide de toute pensée, ce qui en soi n’était pas d’une grande aide pour le raffinement interne. En fait, se concentrer dans le Haut Dantien à ce stade initial aurait presque immanquablement pour effet de renforcer l’aspect superficiel de l’esprit, soit en stimulant plus de pensées, soit en établissant la personne dans un état de vide, fermant ainsi la porte à tout progrès ultérieur.

La pratique que Maitre Huang donnait aux élèves dont il sentait qu’ils étaient prêts et qui montraient un intérêt autre que celui centré sur le corps et sa santé ou sur les aspects martiaux, était la suivante. Asseyez-vous ou allongez-vous tranquillement tout en vous concentrant intérieurement sur le centre du Bas Dantien. Permettez ensuite à la conscience de descendre plus profondément jusqu’à ce qu’une chaleur soit ressentie à ce point. Si l’élève ne sentait pas déjà quelque chose de semblable durant la pratique de la Forme, alors cela pouvait prendre des années pendant lesquelles les pensées surgissaient encore et encore pour assaillir la concentration et tous, sauf les plus déterminés, laissaient tomber cette tâche apparemment sans espoir. En détectant les sensations de chaleur, les autres étudiants avec lesquels j’en discutais, croyaient généralement qu’il s’agissait du Qi, mais quand je parlais directement à Maitre Huang de la façon dont je ressentais la chaleur, il corrigeait cette hypothèse, expliquant clairement, « On ne peut dire qu’il s’agit du Qi, c’est plutôt un signe que l’esprit va plus profond. » Bien que je ne le comprenais pas à cette époque, je sais maintenant que l’aspect superficiel de l’esprit se concentre sur le monde extérieur à travers les 5 sens externes (vue, ouïe, odorat, toucher et goût) pendant que l’esprit plus profond – les Taoïstes y réfèrent en tant qu’esprit dans l’esprit – sur le premier de ses 3 niveaux, regarde à l’intérieur vers les 5 groupes de détecteurs sensoriels internes (senseurs articulaires, musculaires, senseurs de pression, de douleur et de chaleur). En bougeant pendant l’exécution de la Forme du Taiji, les senseurs des articulations, des muscles et des pressions sont les plus actifs, les senseurs de la douleur s’activent seulement sur des erreurs grossières tandis que les senseurs caloriques fonctionnent tranquillement à l’arrière-plan. En revanche, pendant la pratique assise, les senseurs articulaires, musculaires et les senseurs de pression ont une activité limitée et les senseurs de chaleur peuvent passer au premier plan.

Comme l’expliquait Maitre Huang, bien que la sensation de chaleur ressentie durant la méditation n’était pas le Qi, dans une certaine mesure il est vrai que les senseurs de chaleur sont sensibles au champ d’énergie du corps – ainsi par exemple une forte mauvaise énergie peut causer une sensation de froid et de fortes bonnes énergies des sensations de chaud. La vérité est que la chaleur ressentie en méditation est le double résultat du Qi accru activant plus fortement les capteurs de chaleur et simultanément le résultat du niveau de l’esprit s’approfondissant et devenant plus fortement conscient de ces senseurs de chaleur qui sont déjà légèrement actifs au niveau du subconscient de chacun.

Quand l’esprit s’était tourné vers l’intérieur jusqu’à ce degré, Maitre Huang instruisait alors l’élève à la circulation microcosmique. Le Yi est utilisé pour conduire l’énergie du devant de l’abdomen jusqu’au Huiyin ou périnée, puis le long du dos vers le haut jusqu’au sommet de la tête tout en inspirant, et ensuite vers le bas le long du visage et du tronc jusqu’au retour au Huiyin tout en expirant. En fait, l’orbite microcosmique consiste seulement à parcourir les 2 premières voies des 8 canaux spéciaux ou méridiens extraordinaires du corps. Dès que le circuit microcosmique est établi, vous pouvez progressez jusqu’aux 8 voies telles que décrites ci-dessous. Cet exercice ne peut faire grand-mal. Si l’élève n’est pas prêt alors cela ne sera qu’imagination sans aucune réponse énergétique.

8 Voies.

L’énergie basique du corps (Jing) est basée dans le périnée (Huiyin) entre les jambes, s’étendant jusqu’à remplir l’abdomen (Bas Dantien) durant le processus de raffinement. Cette énergie circule à travers le corps suivant un réseau de 8 méridiens extraordinaires. Suivez les chemins avec l’esprit en visualisant un courant de lumière dorée tout en écoutant les sensations corporelles profondes en résultant.
1. Inspirez ; tirez l’énergie le long de l’épine dorsale, du périnée jusqu’au sommet de la tête.
2. Expirez ; redescendez l’énergie sur le devant du corps et retournez-la dans le périnée.
3. Inspirez ; tirez l’énergie le long de la colonne vertébrale et à hauteur de la ceinture divisez-la en 2 courants qui s’élèvent alors jusqu’aux épaules.
4. Expirez ; descendez l’énergie le long de la face externe des bras, puis le long des majeurs jusqu’à la paume des mains.
5. Inspirez ; tirez l’énergie vers le haut le long de la face interne des bras jusqu’ à atteindre chaque côté de la poitrine.
6. Expirez ; descendez l’énergie le long du tronc en passant par la ligne des mamelons et réunissez les 2 courants en retournant dans le périnée.
7. Inspirez ; tirez l’énergie le long du canal central jusqu’au plexus solaire.
8. Expirez ; faites retomber l’énergie dans le périnée, puis plus bas, divisez-la en 2 et continuez à descendre suivant le dessus des jambes puis le long des orteils du milieu et jusqu’à la plante des pieds.
9. Inspirez ; remontez l’énergie le long de l’arrière des jambes, réunissez les 2 courants dans le périnée et élevez-la le long du canal central jusqu’au nombril.
10. Expirez ; retournez l’énergie jusqu’à la base du périnée, complétant ainsi un cycle de 5 respirations.


Après avoir suivi plusieurs fois les 8 Voies, on peut aller une simple étape plus loin pour promouvoir la transmutation du Jing en Qi de la manière suivante :

Répandre la Lumière.
Le Qi est basé dans le plexus solaire, se répandant durant le processus de raffinement jusqu’à remplir le thorax (Moyen Dantien). La Sphère d’Energie Personnelle (champ de Qi ou Grand Dantien) est centrée dans le Moyen Dantien, s’étendant à longueur de bras dans toutes les directions et comprenant les Bas et Haut Dantiens.
1. Prenez 3 respirations profondes. A chaque inspiration tirez la lumière dorée du Huiyin par le centre du corps via le plexus solaire pour remplir le Moyen Dantien. A chaque expiration intensifiez et répandez cette lumière autour du corps jusqu’à former un nuage de lumière dorée qui s’étend à longueur de bras en toutes directions.
2. Respirez profondément, à chaque inspiration condensez la sphère de lumière vers le centre ; à chaque expiration ré-élargissez et intensifiez le nuage de lumière dorée autour du corps tout en laissant la conscience sombrer plus profondément jusqu’à ce que l’esprit se perde dans la lumière. Oubliez ensuite la respiration en permettant à l’esprit de descendre plus bas tout en maintenant une conscience de la lumière.


Dans cet état d’harmonie profonde, l’exercice suivant basé sur les 5 éléments peut être ajouté si vous avez le temps et l’inclination de renforcer et raffiner le Qi plus encore.

5 Eléments

1. (Terre) Centrez l’esprit dans un nuage de lumière dorée dans le plexus solaire. A chaque expiration, intensifiez et répandez la lumière en abaissant la conscience jusqu’à ce que le corps et le souffle se perdent dans la lumière dorée.
2. (Métal) Laissez flotter le nuage vers le haut jusqu’à ce qu’il recouvre les poumons où il devient blanc comme les nuages. Avec chaque expiration, intensifiez et répandez la lumière blanche tandis que la conscience continue à descendre vers un état plus profond.
3. (Eau) Le nuage descend pour recouvrir le bas de l’abdomen et devient d’un bleu profond comme celui des océans. Avec chaque expiration, intensifiez et répandez la lumière bleue tandis que l’esprit continue à descendre vers un état plus profond.
4. (Bois) Le nuage se déplace vers la région du foie sur le côté droit du tronc et devient d’un vert profond comme celui de la forêt. A chaque expiration, intensifiez et répandez la lumière verte tandis que la conscience continue à descendre vers un état plus profond.
5. (Feu) Le nuage se déplace pour recouvrir le cœur et devient d’un rouge rubis. Avec chaque expiration, intensifiez et répandez la lumière rouge tandis que l’esprit continue à s’enfoncer vers un état plus profond.
Apres un ou plusieurs cycles, retournez le nuage vers le plexus solaire, étendez-le encore à une longueur de bras et reposez tranquillement dans la lumière dorée qui entoure le corps.


Les exercices décrits ci-dessus peuvent être pratiqués sans plus d’instructions mais il est plus sûr et plus efficace d’avoir si possible, un guide expérimenté. L’effet de ces pratiques et le développement interne en résultant apparaîtront graduellement dans votre vie extérieure. Les moments de sensations profondes, de flux d’énergie du corps et plus tard des énergies du Grand Dantien se rappelleront d’eux-mêmes de façon croissante avec le temps, tandis que votre être intérieur fortifié vous viendra en aide dans la gestion des situations difficiles. Alors apparaîtra la possibilité du plus élevé des buts taoïstes – l’immortalité, non pas du corps mais de votre être intérieur dans les 3 mondes et au-delà.

Peu avant la mort de Maître Huang, lors d’une visite en Nouvelle-Zélande en préparation de son émigration (nous avions déjà obtenu pour lui le statut de résident permanent), il parla encore des buts auxquels il tenait le plus, disant, « Enseigner le Taijiquan n’est pas difficile, mais enseigner le cœur du Taiji… », et il secoua alors la tête. J’espère que cet article servira à commémorer et à contribuer à la compréhension de cet aspect le plus profond de la vie et de l’enseignement de Maître Huang.

(traduit de l’Anglais par C Darmon)

Kuala Lumpur. 28.11.2010

Taichi Taiji AssoDao