Les pages nommées « Principes essentiels » présentent un certain nombre d’extraits (suite à une traduction en français) des livres de Patrick Kelly, avec son autorisation.
CORPS- ÉNERGIE- ESPRIT
Le niveau le plus grossier du champ d’énergie, se connecte avec le corps physique, par l’intermédiaire des méridiens d’énergie (Qi), jusqu’aux cellules nerveuses réparties dans tout le corps. C’est l’énergie du corps Éthérique sur ses plus bas niveaux et comprenant les types connus d’énergie électromagnétique comme les infra-rouges et les courants électriques faibles.
Les niveaux les plus fins de l’énergie (Qi) suivent toujours les postures du corps en degrés de matérialité décroissants jusqu’à l’énergie de l’Esprit Profond qui est à peine formée par la plupart des corps, et est certainement en mesure d’exister indépendamment de lui, comme dans l’état après la mort – bien qu’il y ait un développement minimal requis pour cette existence, afin qu’il soit autonome plus qu’une courte période de temps.
Les énergies les plus fines, Éthériques, Émotionnelles et Mentales sont concentrées pour former des centres d’énergie au sein du champ d’énergie. Ce sont les points où le contact est établi avec les niveaux d’énergies supérieurs. Les centres d’énergie Éthérique sont les points de contact avec les énergies Émotionnelles. Les centres d’énergie Émotionnelle sont les points de contact avec les énergies Mentales et l’Esprit Profond est le lieu de contact avec les Énergies Supérieures associées à l’Esprit.
Les mouvements au sein de l’Esprit Profond, une fois que les connexions sont bien formées, produit une vague de réponse ondulant à travers les niveaux d’énergie jusqu’au bas Éthérique où les impulsions nerveuses électromagnétiques résultantes génèrent la réponse du corps.
Ce mécanisme est très clair et aucun mystère ne doit en être fait. Chez les sujets non entraînés, les individualités divisées, des pulsions partielles contradictoires surgissent constamment à tous les niveaux. Celles-ci interagissent et entrent en conflit avec la pulsion la plus forte et parfois, annulant le reste, pour produire des réponses faibles et souvent non reliées au corps. La pratique correcte du Taiji produit exactement le contraire – une intention concentrée dans l’Esprit se connectant directement et générant une réponse forte dirigée dans le champ d’énergie et le corps.
Esprit
L’esprit – si l’on utilise « esprit » dans son sens le plus large, incluant mais ne se limitant pas à son sens courant de fonctionnement du cerveau – depuis son niveau le plus superficiel jusqu’à son essence la plus subtile et la plus profonde, laquelle est le point de connexion avec l’Esprit Spirituel est sans aucun doute central pour la compréhension et la pratique du Taiji. De ce fait une petite erreur dans son usage peut interférer de manière significative dans le processus d’apprentissage. Alors que notre Esprit Spirituel serait le but ultime, c’est l’esprit qui doit parcourir la Voie. Notre Esprit Spirituel est déjà là, alors que notre corps, y compris notre cerveau, est simplement l’outil de l’esprit. À la mort, rien ne meurt. L’esprit, dans sa forme essentielle, abandonne simplement le corps. L’énergie suit l’esprit et le corps, privé d’énergie, involue et retourne à ses éléments constitutifs. L’Esprit Spirituel n’était pas dans le corps pendant la vie et il n’a pas besoin de le quitter à la mort. L’esprit n’était pas non plus dans le corps – plus précisément le corps existait au sein de l’esprit.
Yi et Dingjin
Le Yi, qui est l’aspect actif de l’esprit à chacun de ses niveaux, l’aspect passif est la prise de conscience dont le terme chinois est « Dingjin » qui signifie littéralement « capacité d’Ecoute ». En Taiji, ce concept à 2 caractères prend le sens particulier de « prise de conscience des changements de sensation à l’intérieur de notre corps ». Tout comme le soulagement qui imprègne notre vie comme un effet de la simple relaxation, cet Esprit-champ de conscience qui toujours se renforce, se développe et s’approfondit, représente le plus grand bénéfice apporté par le Taiji, dans les 10 premières années de pratique. Après cela, avec un enseignement correct, l’aspect actif de l’esprit (Yi) revêt la plus grande importance, et c’est uniquement à cette étape que le troisième aspect caché de l’esprit, l’intelligence, peut commencer à entrer consciemment dans l’entraînement.
Après avoir consulté des érudits pour trouver la gamme des sens classiques possibles de Yi, puis m’étant appuyé sur ma propre expérience pour choisir le sens le plus approprié, j’arrivai d’abord à « intention » ou « volonté ». Ensuite, partant de l’observation de mes propres efforts et de ceux des autres pour produire cette volonté ou intention et voyant les erreurs dans le choix de la partie de l’esprit qui était utilisée, ainsi que dans la manière dont cette partie de l’esprit était utilisée, j’ai finalement opté pour « Intention de l’Esprit Profond ».
Qi
Le progrès vient d’un raffinement constant de la qualité et de la profondeur de l’interaction intelligente entre la conscience et l’intention –c’est-à-dire le contrôle Esprit–Énergie-Corps.
Tout ce qui est vivant détient du Qi, bien qu’il ne soit consciemment raffiné que par un petit pourcentage d’individus seulement. Il va sans dire qu’il doit circuler librement tout autour du corps en s’accumulant dans certains centres qui existent tout naturellement, mais ceux-ci, précisément, sont la conséquence et l’aboutissement d’une utilisation correcte de l’esprit. Comme il est dit dans les classiques du Taiji : « Concentrez-vous sur le Yi (Intention de l’Esprit Profond), pas sur le Qi. La concentration sur le Qi mène à la stagnation».
Dans le contexte du Taiji, la traduction probablement la plus exacte est tout simplement « énergie » bien que « force de Vie » – qui introduit une note de sensibilité dans le concept mécanique d’énergie – puisse être parfois plus éclairant que le terme général d’énergie quand on se réfère au Champ d’Énergie Personnel d’un être.
Quand il est utilisé plus particulièrement dans le sens de Champ d’Énergie Personnel, Qi peut être utilement divisé en 3 niveaux : Jing, Qi et Shen (éthérique, astral et céleste). Parfois, comme dans l’utilisation Japonaise du même caractère (Ki) dans les arts martiaux, Qi contient également un sens implicite d’intention.
Yong Yi, Bu Yong Li
“Utiliser l’intention de l’esprit / effort de volonté, pas la force externe », est l’un des enseignements centraux du Taiji. Intention et volonté sont deux des sens classiques de « YI » et ceux que je préfère à l’usage moderne généralement traduit par esprit.
« Le Yi met en mouvement le Qi et quand le Qi bouge, le corps suit » et au-delà de cela « le Xin (littéralement le cœur /communément l’esprit/ ma traduction prise de conscience subtile) commande le Yi, le Yi met en mouvement le Qi …
Le Qi est souvent évoqué en Taiji et bien sûr il peut avoir de nombreux sens, généralement il se réfère à l’énergie du Corps Éthérique (ou Énergie du Corps). Un aspect est concentré dans différents méridiens à travers le corps, formant un tissage ou matrice d’énergie dans le corps. Où ses méridiens se rencontrent en grand nombre, existent des centres d’énergie. Un aspect plus diffus existe et forme un nuage d’énergie dans et autour du corps. Ce sont des connaissances communes. Mais le Qi est un joueur passif et en Taiji c’est l’activation du Yi qui est au centre de la scène ; plus tard un niveau plus avancé peut être atteint.
Il y a 3 phases distinctes mais se chevauchant dans la coordination du Yi et du Qi.
La phase 1 où les gens apprennent à relâcher le corps et dans une certaine mesure l’esprit, relâchant les constrictions des méridiens d’énergie et permettant un flux et une circulation plus douce et naturelle au sein du Corps d’Énergie. Cela peut apporter seulement des avantages positifs, soigner des affections mineures dans le temps et prévenir la maladie et les blessures dans une certaine mesure. L’utilité suprême de ceci est pour les personnes pratiquant la méditation et autres méthodes psychologiques et spirituels, où le stress induit par l’étape nécessaire de la confrontation avec leurs conflits intérieurs, peut déformer grossièrement leur champ d’énergie.
La phase 2 est quand les personnes commencent vraiment la pratique de Taiji et cela se déroule généralement après 4 à 10 bonnes années de pratique. Sauf si la formation est authentique, une personne ne peut jamais entrer dans cette phase et répète simplement, pendant 20 ou 30 ans, les méthodes de la phase 1. Alors que dans la Phase 1, le Yi a été plus passif et le sens de la prise de conscience du corps a été en construction, ce qui est exigé est maintenant l’utilisation active du Yi pour stimuler le débit et la concentration du Qi au sein et à proximité du corps et pour motiver le mouvement du corps lui-même.
En réalité selon Master Huang, il y a une étape intermédiaire de contrôle du corps, c’est quand le mouvement des parties périphériques du corps, devient subordonné au mouvement de la taille et du tronc ou stade « tout le corps se déplace comme un ». C’est quand la force coordonnée commence à apparaître, même si elle est raide, plutôt qu’une vague coordonnée de force.
Les exigences pour le pratiquant de la phase 2 sont plus difficiles à transmettre et se prêtent à des erreurs de séparation du Yi et du Qi / corps, en raison de l’accentuation de l’observation plutôt que de l’activation du Yi ; tension en raison de l’émission du Yi d’une partie peu profonde de l’esprit plutôt que d’une partie plus profonde ; Yi trop passif à cause d’une focalisation sur le ressenti émotionnel du mouvement plutôt que dans les sensations elles-mêmes.
Pour éviter d’être bloqué dans une méthode inefficace, je suggère d’alterner une pratique entre l’utilisation d’un fort effort intense du Yi avec ses risques de tensions, puis de se rapprocher de la phase 1 où le lâcher prise de l’esprit est plus important, modifiant le ratio de ces méthodes et mélanger-les afin que l’expérimentation personnelle puisse trouver la bonne méthode, à toutes vos étapes.
En fait, chaque partie de Taiji exige la résolution du dilemme existant entre : contrôle et laisser aller ; la concentration et vider l’esprit ; douceur et force coordonnée ; conduire et suivre ; etc.. ; ou plus généralement le Yin et le Yang. Dans chacun de ces cas, la solution se trouve liée à plus ou moins de Yin, ou plus ou moins de Yang, mais en produisant le Yin-Yang, une création nouvelle est générée au point d’équilibre correcte des deux opposés existants indépendamment.
La phase 3 du Yi – la coordination du Qi est vraiment conclue seulement après 20 bonnes années ou plus de pratique, bien que les personnes puissent éprouver des flashs à n’importe quel moment dès le premier jour. Lorsque la direction du Yi devient assez naturelle, elle se combine avec la prise de conscience détendue de la phase 1 sans interférer avec elle, ces deux aspects peuvent être autorisés à s’écouler et à émettre des parties plus profondes de l’esprit de façon automatique avec une prise de conscience mais avec aucun sens de contrôle. Chaque geste devient alors une réponse intelligente à la situation perçue. Ici le Yi semble avoir disparu et la cognition produit spontanément l’action appropriée. Il s’agit de l’idéal du Taoïste ; action spontanée qui surgit des profondeurs de notre être en raison de l’évolution des stimuli dans notre environnement, elle arrive grâce à des décennies d’entrainement. Il ne faut pas la confondre avec son ombre, la réaction émotionnelle rapide qui peut être dominante chez ceux qui ont peu de volonté personnelle ou ceux qui délibérément supprime la fonction pensante de l’esprit. Ni les personnes qui exercent leur intellect avec trop de contrôle, incapables de se laisser aller de peur de leurs émotions et de leurs pulsions subconscientes interférant avec leur pensée claire, ni les personnes qui sont dépendantes de leurs sentiments et ont peur de penser clairement de peur d’interférer avec ses idées intuitives, ne peuvent espérer arriver à l’étape ci-dessus de l’action spontanée appropriée.
La perception du monde extérieur se fait par le biais de nos 5 sens et de leurs contreparties internes. Le sens qui relie le plus étroitement aux énergies éthériques ou Qi est le sens du toucher dans sa forme raffinée. C’est dans ce sens qu’en Taiji le mécanisme de réponse automatique à des événements réels et aux changements de notre monde environnant peut servir à nourrir les données nécessaires. Les 5 sens sont vraiment juste des aspects de ce sens du toucher ; la lumière et les ondes sonores, les particules de saveur et d’odeur, tout empiète ou touche les terminaisons nerveuses, envoyant une impulsion électromagnétique au cerveau.
C’est la formation à la prise de conscience du sens d’être touché à chaque moment, à l’intérieur et à l’extérieur du corps qui permet à l’être intérieur de représenter un modèle plus correct de son environnement et d’y répondre d’une manière plus subtile. La formation de la conscience des sens est un aspect commun de la plupart des méthodes de développement interne, mais son opposé, la formation du Yi n’est pas toujours présente. La phase 3 comme évoquée ci-dessus survient lorsque la formation de la prise de conscience subtile des sensations et la formation subtile du Yi disparaissent l’un dans l’autre et la connexion directe Xin – Qi – Corps fonctionne. À ce stade on devient simplement, subtilement conscient du stimulus et la réaction spontanée intelligemment appropriée qui se produit au même moment, ne contenant aucune intention de faire l’action.
Manifestations du QI et du YI
Chee Soo expliquait que le Qi sortait en spirale et avec force de ses paumes et pénétrait facilement la matière. Le Yi, provenant du point entre ses deux sourcils, se déplaçait directement et en ligne droite, mais ne pénétrait pas la matière de quelque façon que ce soit.
Le Yi (intention ou volonté) étant un aspect de l’esprit – les 2 autres aspects étant la conscience et l’intelligence – existe aux trois niveaux du Champ d’énergie personnel ainsi que dans l’esprit superficiel (activité du cerveau). Mon expérience du Yi n’a pas confirmé ses conclusions sur l’incapacité de pénétrer la matière qui, je pense, est due à la raison suivante. En observant son utilisation du Yi, j’ai vu deux effets légèrement différents. La partie profonde de son esprit produisait une intention subtile mais claire et observable ainsi qu’une réponse à des niveaux plus profonds du sujet, mais pas assez, et peu s’en faut, pour déplacer le corps de la personne ; d’autre part la conscience cérébrale concentrée de Chee Soo, produisait des petits signaux subconscients dans son propre corps auxquels le sujet pouvait réagir physiquement de façon inconsciente. Lorsque ce contact visuel n’existe pas, quasiment aucune réponse n’a lieu chez le sujet à ce niveau – comme si c’était la matière physique qui bloquait le Yi.
C’était différent lorsqu’il émettait le Qi. Le Qi dont nous parlons ici se réfère au Champ d’énergie personnel. C’est un mélange d’énergies de type éthérique, astral et céleste qui varie selon le raffinement de la personne et la force de chacun de ces 3 niveaux au sein de l’Esprit Profond. Dans un état profond, je me rappelai le moment où son Qi m’avait frappé et je pris conscience, non pas de forces directes sur mon corps, mais de l’émergence d’un champ d’énergie qui poussa et tira mon esprit lequel, essayant de conserver son équilibre, produisit des mouvements déstabilisants à l’intérieur de mon corps.
Pour entraîner le Yi ou l’Intention de l’Esprit Profond, il utilisait la concentration sur le «Troisième Œil ». Mais il enseignait qu’il valait mieux s’entraîner à des pics de concentration maximale et intense pendant 5 à 10 secondes, plutôt qu’à un effort prolongé et faible.
La Chaleur interne et circulation du Qi
Alors qu’auparavant, j’avais cru qu’il fallait un effort constant de concentration pour produire et déplacer le Qi dans le corps, il était maintenant manifeste que la tension produite par cet effort pour tenir la concentration était exactement ce qui bloquait le lâcher prise. Je travaillai à partir de ce point de vue, faisant passer mon effort de la concentration au processus d’aller plus en profondeur, intensifiant le moment de l’écoulement maximum et prenant plaisir à la manière dont la chaleur cheminait lentement à travers mon corps. Quand elle atteignait l’arrière du cou (la troisième porte), où elle restait un moment, cela marqua une étape significative selon la théorie de cette méthode… Avec le temps la chaleur s’est peu à peu propagée dans tout mon corps, pouvant être augmentée à volonté et avec une concentration forte et profonde en n’importe quel point.
Une recherche ultérieure a confirmé que cela peut se produire chez quiconque pratique le Taiji ou un art similaire de manière authentique. Souvent, la chaleur est si douce qu’elle peut à peine se remarquer, mais avec une pratique intense elle se manifeste de manière plus évidente et plus intense. Les instructeurs anciens m’affirmèrent que c’était le rassemblement du QI mais, je consultai Maître Huang qui m’expliqua clairement : « On ne peut pas dire que c’est le Qi, mais c’est un signe que vous pratiquez correctement ». Rétrospectivement, je dois en convenir. Il est important de faire la distinction entre le Qi Immatériel et les sensations corporelles générées par sa circulation et sa concentration. Des sensations intenses de chaleur, de plénitude ou des picotements se produisent lorsque, dans un canal particulier, le flux des forces de vie dépasse la capacité normale de ce canal, à l’image de la chaleur produite par la résistance dans un circuit électrique. Ainsi ces sensations, souvent considérées comme remarquables, ou même spirituelles, indiquent simplement des zones de rétrécissement même s’il faut reconnaître que c’est un flux énergétique accru qui les révèle. Avec le temps, les zones à problème seront consumées par la douce chaleur, créant la possibilité de flux d’énergie libres et puissants – avec, à ce stade ultérieur, peu de sensations corporelles manifestes.
La précision du Yi
« Tout est dans la forme du Taiji » était une maxime de Maitre Huang, ainsi il est nécessaire de passer en revue chaque mouvement et de vérifier les « Pouces » qui donnent l’alignement exact du corps pour chacune des principales articulations dans chaque posture ainsi que les positions intermédiaires associées, lesquelles sont souvent négligées dans la pratique.
En sachant exactement où vous avez l’intention de placer le corps lorsque vous vous déplacez vers une certaine position, le Yi nécessaire est bien défini, et à l’arrivée il est clair que l’objectif a été atteint. Cette précision au « poil près » de la connexion Esprit–Corps est l’une des caractéristiques de l’entraînement de Maître Huang. il dit, « le Yi va directement vers ce point et l’énergie et le corps, correctement entraînés, suivent automatiquement ».